Château de Châteaubriant

Le château de Châteaubriant est intimement lié à l’Histoire de la Bretagne. Demeure de nombreux ducs Bretons, il était situé sur la ligne frontière entre la Bretagne et le royaume de France que l’on appelait les Marches de Bretagne.


Aile renaissance du chateau de chateaubriant en bretagneSommaire


Un lieu stratégique situé sur la frontière entre la Bretagne et la France

Placé sur la route antique qui relie les villes de Rennes et d’Angers, Châteaubriant est un endroit prisé dès le Ve siècle pour son emplacement stratégique et son promontoire rocheux.

Une zone militaire

chatelet séparant haute cour et basse cour du chateau de chateaubriantHéritée de l’époque carolingienne (VIIIe – IXe siècle), l’emblématique « Marche de Bretagne », frontière entre la Bretagne et le royaume de France, est hérissée de forteresses tels que Fougères, Vitré ou encore Clisson. Au cœur de ces « Marches de Bretagne », le château de Châteaubriant fait donc partie d’une ligne de châteaux Bretons, qui mis en réseau, formaient une ligne défensive face au royaume de France.

A l’origine, la Marche de Bretagne était un régiment créé en 760 par le père de Charlemagne, Pépin le Bref (roi des francs de 751 à 768). Destinée à protéger le royaume franc de la Bretagne, la Marche de Bretagne eu pour premier commandant, Roland, le légendaire chevalier franc de Charlemagne mort à Roncevaux en 778. La Marche de Bretagne est ensuite devenue une région tampon entre la Bretagne et le royaume franc dont Roland en fut le préfet jusqu’à sa mort en 778.

Un territoire économiquement dynamique

Châteaubriant est localisé au coeur du Pays de la Mée, territoire situé à égale distance de Rennes, Nantes et Angers. Cette appellation de Pays de la Mée apparaît en 1055 avant que les comtés de Nantes et de Rennes ne soient réunis en une seule entité à la fin du règne de Saint Louis (XIIIe siècle).

La situation de Châteaubriant est donc favorable à son activité commerciale et artisanale. Bien avant le Xe siècle, la ville accueille la foire de Béré (ancien nom de la ville de Châteaubriant). Cette foire est réputée pour ses produits de l’agriculture et de l’élevage. En outre, la cité comprend de nombreuses boutiques des métiers du fer, des peaux et du bois, activités particulièrement florissantes dans la ville de Châteaubriant.

L’élévation d’un château et la naissance du nom de Châteaubriant

Ruines médiévales du chateau de chateaubriant en BretagneAu XIe siècle, la ville voit de modestes propriétaires terriens, Innogwenn et son époux Teuhaire, prendre le pouvoir. Fidèles dévoués au comte de Rennes, le couple est récompensé par d’importants octrois de la part du Comte, ce qui permet leur permet de fonder une châtellenie autour de la ville de Béré.
En 1050, leur fils, Brient, fait bâtir un château en bois sur la ville, profitant du promontoire rocheux entre les cours d’eau de la Chère et du Rollard. Le château de Brient donnera par la suite son nom à la ville : Châteaubriant (ce qui explique le t). Cette évolution défensive de Châteaubriant s’inscrit également dans une politique de fortification des châteaux des Marches de Bretagne, dès le XIe siècle, afin résister aux puissants voisins des Bretons que sont les comtes d’Anjou (voir le château d’Angers).

A partir de 1204, sous le règne de Philippe Auguste (roi de 1180 à 1223), le comté d’Anjou entre dans le domaine royal et il est dirigé par un sénéchal. En 1223, Amaury de Craon (1170-1226), sénéchal d’Anjou, entre en conflit avec le duc de Bretagne, Pierre de Dreux (1187-1250), surnommé Mauclerc. Les deux ennemis se livrent une guerre dont le dénouement décisif à lieu le 23 mars 1223, à Châteaubrant, lors de la célèbre bataille de Béré ou « journée de Châteaubriant ». Ce combat est remporté par le Duc de Bretagne et ses alliés, dont le seigneur de Châteaubriant.

Pour la petite histoire, Mauclerc (ou Pierre Ier de Bretagne ou Pierre de Dreux) était un allié du royaume de France, avant de changer de camp en 1229 pour prêter hommage au roi d’Angleterre, Henri III (règne de 1216 à 1272). Le roi de France Louis IX (règne de 1126 à 1270) entreprend alors de punir son infidèle vassal et lance une campagne militaire en Bretagne (1234). Le roi de France prend Châteaubriant et Pierre Mauclerc se soumet de nouveau au roi de France. En novembre 1234, Pierre Ier de Bretagne fait définitivement acte de soumission à Saint Louis lors de la paix de Vendôme.

Ces différents évènements montrent l’importance de la place stratégique qu’occupe Châteaubriant sur la ligne défensives des Marches de Bretagne.

Par conséquent, entre le 12e et le 15 siècle, Chasteau Brient se développe et devient une place forte redoutable des Marches de Bretagne, construite en pierre avec tous les éléments défensifs du château fort. La forteresse n’en reste pas moins le lieu de résidence et d’exercice du pouvoir des seigneurs de Châteaubriant. La basse cour du château est composée de granges, forges, écuries,…. tandis que la haute cour est réservée aux logis du seigneur avec donjon et chapelle.

Cette chapelle est reconstruite au XIVe siècle par la baronne Louise de Châteaubriant (1347-1383). Celle-ci est la dernière représentante des Châteaubriant puisqu’elle meurt sans héritier. Sa seigneurie est alors transmise à son cousin éloigné, Charles (mort en 1418), issu de la riche famille des Dinan-Montafilant.

Châteaubriant au cœur de la Guerre de Bretagne

La lutte entre les ducs de Bretagne et les rois de France est un conflit qui dure depuis des siècles, les uns souhaitant conserver leur indépendance et les autres souhaitant annexer le territoire au royaume. Le dénouement de ce vieux conflit a lieu au XVe siècle sous les règnes des rois de France Charles VIII et Louis XII.

Le complot de mars 1487

L’opposition entre la Bretagne et le royaume de France atteint son paroxysme à la fin du XVe siècle après la montée sur le trône de France du roi Charles VIII (règne de 1483 à 1498). Ce dernier mène deux campagnes contre la Bretagne en 1487 et 1488. Lors de sa première incursion en Bretagne, en août 1487, le roi Charles VIII est mis en échec par les Bretons devant Nantes.

Pourtant, le roi de France avait pu compter sur le soutien d’une soixantaine de seigneurs bretons dissidents, renégats à la Bretagne après la signature du traité de Châteaubriant en mars 1487. Françoise de Dinan (1436-1500), héritière des riches Dinan-Montafilant et ancienne gouvernante d’Anne de Bretagne, est l’instigatrice de cette révolte pour se venger d’avoir été évincée des affaires de Bretagne par le duc François II (1435-1488), père d’Anne de Bretagne, au profit de conseillers étrangers.

Le siège d’avril 1488

Charles VIII tente une nouvelle incursion en Bretagne en 1488 et commence par assiéger le château de Châteaubriant. Menée par Louis II de la Tremoille, l’armée française pilonne les murs d’une enceinte mal adaptée à l’évolution de l’artillerie en cette fin du Moyen Age. Malgré un grand nombre de français tués et un siège qui dure 8 jours, du 15 au 23 avril 1488, Châteaubriant tombe aux mains du roi de France. Cette défaite du duché de Bretagne face à l’armée française marque le début d’une série de revers pour les Bretons puisque suivent les prises des châteaux d’Ancenis (le 19 mai 1488) et de Fougères (le 19 juillet 1488). Dinan et Saint Malo (le 16 août 1488) tomberont sans combat, suite à des redditions.

Après cette défaite, le château de Châteaubriant est démantelée.

L’annexion avec les mariages d’Anne de Bretagne à deux rois de France

plan du monument de chateaubriantCela mène à la fameuse défaite des Bretons lors de la bataille de Saint-Aubin-du-Cornier, le 28 juillet 1488. Ce revers scelle le sort de la « guerre de Bretagne » et donc du duché qui est annexé au royaume de France par le mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII le 06 décembre 1491. Mais Charles VIII décède tragiquement à Amboise en 1498. Afin de maintenir le Bretagne dans le giron de la France, le successeur de Charles VIII, son cousin, le roi Louis XII (règne de 1498 à 1515), épouse la veuve Anne de Bretagne en 1499 et annonce la fin de l’indépendance du duché de Bretagne. Néanmoins, l’union entre la France et la Bretagne sera véritablement consommée lors du règne de François Ier (roi de 1515 à 1547).

Ces différents évènements ne sonnent pas le glas du château de Châteaubriant qui est modernisé sous Françoise de Dinan, celle-ci bénéficiant de l’aide financière d’Anne de Bretagne. Un nouveau logis est donc bâtit dans l’ancienne basse cour. Le petit-fils de Françoise de Dinan, le baron Jean de Laval (1487-1543), continue les améliorations du château avec un nouveau bâtiment composé d’un escalier d’apparat et d’une galerie couverte.

Une comtesse de Châteaubriant favorite de François Ier

Galerie découverte de la galerie renaissance du chateau de chateaubriantChâteaubriant entre à nouveau dans la Grande Histoire de France par l’intermédiaire de Françoise de Foix (1495-1537), épouse de Jean de Laval et comtesse de Châteaubriant. Cette femme d’une extrême beauté fait tomber le roi de France, François 1er (règne de 1515 à 1547), sous son charme. Après une cour assidue et un stratagème pour la faire venir au sein de sa cour, François Ier fait de Françoise sa maîtresse favorite. Avec ses cheveux noirs, son teint halé, ses yeux verts et son corps de déesse, elle a été la première favorite du roi de France jusqu’en 1528. Elle est ensuite reléguée au second par une jeune femme, Anne de Pisseleu, blonde au teint blanc, qui devient la nouvelle favorite de François Ier.

Françoise de Foix avait trois frères, capitaines dont le modèle était le fameux chevalier sans peur et sans reproche, Bayard (1476-1524). Deux d’entre eux devinrent maréchal de France : le maréchal de Lautrec (ou Odet de Foix, 1485-1528) et le maréchal de Lescun (Thomas de Foix, 1485-1525).


Ce que nous avons aimé !

Les ruines médiévales
La visite libre dans le parc du château
L’imposante chapelle
Les nombreux panneaux explicatifs pour bien comprendre l’histoire du château

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Jérémy ParardPar Jérémy Parard